Je connais des personnes qui adorent faire des listes.
C’est comme si chaque ligne de la liste était un projet excitant, une promesse d’endomorphine. La liste leur donne de l’allant, l’envie de se frotter les mains de joie, l’envie de la prendre à bras le corps sans plus tarder.
Moi, c’est tout l’inverse.
Si j’en viens à faire une liste, c’est que ça va mal.
Quand je fais une ToDoList, c’est que je m’ennuie, que je tourne en rond, que je regarde à gauche, à droite, à l’intérieur de moi, sans trouver une once de désir. Alors un petit juge se met à causer tout seul dans ma tête, me somme de prendre un papier, un crayon, et de lister tout ce que je n’ai pas fait et que j’aurais dû faire depuis belle lurette. Une ToDoList, chez moi, c’est comme une confession. Je dois déclarer tout ce que j’ai voulu cacher, me cacher, tout ce que je repousse au prétexte qu’il y a mieux à faire. En plus, quand je commence une ToDoList, une ligne en entraîne une autre, alors ça prend une proportion que je n'avais pas anticipée. La ToDoList appelle impérieusement pénitence : faire tout ce qui est écrit !
Je tergiverse. Je fais des catégories (ménage, administratif, coups de fil à passer, …). Je détaille au maximum (appeler X, appeler Y, appeler ...) pour pouvoir rayer un maximum de lignes. J’essaie de mettre des priorités. Je fais des scenario « what if » : que se passera-t-il si je ne le fais pas ? Je me demande si je suis vraiment arrivée au point de non-retour ou si je peux encore différer. Je mets des dates limites. J’essaie de me motiver : ‘l’important c’est de commencer’, ‘tu verras comme ce sera bien quand ce sera fait’, …
Mes ToDoList c’est du retard à rattraper, une somme de non plaisirs, ou un vague sentiment de culpabilité. No Future !
Tout en la faisant, je suis bien consciente que pendant ce temps là je ne fais rien de ce qui est écrit. Je gagne du temps, je comble le vide. D’ailleurs, je fais mes ToDoList en pleine journée, jamais le soir avant de dormir.
Je ne vois aucune promesse de plaisir dans une ToDoList. Même barrer une tâche lorsqu’elle est faite ne me réjouit pas. Je me sens juste épuisée, comme si j’étais en train de courir un 400 mètres haies. Parfois d’ailleurs je me rebelle : j’enfouis la ToDoList dans une pile de papiers que justement je devais trier et je vais ouvrir mon fidèle Frigo. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas. Peut être pour prendre le frais.
A ce stade, je me dois de préciser un point important : une ToDoList ce n’est pas un rétroplanning. Les rétroplannings, j’adore !
Il est vrai que ça peut sembler très proche de la ToDo, mais la grande différence, c’est que le rétroplanning a un objectif précis, un but vers lequel concourt l’ensemble des tâches listées. Un rétroplanning sert un projet ; c’est une chemin à parcourir, une organisation, une anticipation.
Le rétroplanning, c’est mettre le futur au présent !
© Marie-Pierre Deloeil