Je fais du théâtre, du théâtre en amateur.
Qui dit Théâtre en Amateur, dit Association
Qui dit Association, dit Groupe de Personnes
Qui dit Groupe de Personnes, dit Relations Humaines
Qui dit Théâtre, dit (le plus souvent) Texte
Qui dit Texte, peut amener à Projet
Nous y voilà : Projet !
Envie de monter une pièce à partir d’un texte. Envie de choisir ses partenaires.
Peur de ne pas savoir faire, de ne pas aboutir.
Partage d’énergie grâce au petit groupe de 3 femmes que nous formons.
Découragement parfois.
Accepter l’inconnu, le tâtonnement, le blocage, le cahin-caha.
Puis un jour de juillet, arrive l’idée d’une semaine ensemble pour donner un coup de turbo au projet. Sitôt dit, sitôt décidé, avec en plus unanimité sur la destination : le littoral breton.
Ce sera du 15 au 22 août, dans les Côtes d’Armor, proche de la mer et de son GR34.
Trou Pique Nille Douille, ce sera Plouha !
Plouha donc.
Une maison avec pièces de vie agréables, une chambre pour chacune, et un terrain sans vis-à-vis. Un terrain qui sera notre lieu de travail, car notre pièce de théâtre exige de l’espace et le séjour est trop petit. C’est la 1ère fois que nous trois passons plus d’une journée ensemble. Saurons-nous faire avancer le projet théâtre plutôt que d’aller admirer le littoral admirable ?
Mauvaise question … très mauvaise question !
Écoute-moi bien.
Si tu penses "OU", tu opposes et jamais il n’y aura d’alchimie
Mais si tu penses "ET", tu conjugues et alors tout peut arriver.
C’est parce que déjà au 2ème jour tu préfères passer une journée entière sur l’île de Bréhat avec les ami.es et faire une marche de 46.000 pas, que le lendemain en répétition tu plieras soigneusement des vêtements, les mettras en pile, et par là même fera vivre le personnage qui les portait. L’image du cairn s’est faufilée dans ta tête !
C’est parce que dans les bavardages s’échangent des expressions ou des mots inhabituels que tu t’en saisiras pour jouer, pour te les approprier : bouinaude, crouchnettes, je t’emproute, s’arsouiller.
C’est parce que tu marches, ou que tu te baignes, ou que tu cuisines, ou que tu fais la vaisselle, que tu en viendras à déclamer ton texte sans aucune retenue.
C’est parce que tout à coup vient l’envie d’un bain de minuit que tu te retrouveras en bande à contempler le ciel étoilé et à penser le monde.
C’est parce que tu as le corps soûlé par le soleil, le vent, la mer, la tête embrumée par les soirées tardives, que tu lâcheras prise, que tu piqueras des fous-rires à en pleurer de concert avec les copines.
C’est parce que …
Tout crée complicité ; tout vient servir le projet.
En fin de semaine tu sais que l’alchimie existe. Comment ?
Parce que nous avons eu la chance d’avoir un public pour regarder et échanger sur notre travail. Superbe cadeau d’une amie venue pour nous ; et une évidence : le projet a pris du corps.
Dimanche, de retour sur Lille, j’ai acheté des mirabelles. J’ai fait comme à Plouha : j’ai mis deux bouchons de liège dans l’assiette pleine de mirabelles. Il paraît que ça éloigne les moucherons. On dirait que c’est vrai. Je vais mettre des bouchons tout autour de mon évier. J’en ai marre des moucherons !
Lundi soir, j’ai fait des crêpes.
Plouha, quand tu nous tiens ….
Merci à Ben qui a compté nos pas à Bréhat
Merci à Claire qui nous a appris "je t'emproute"
Merci à Patricia qui est venue nous regarder
et bien sûr, merci à Pascale et Céline !!
© Marie-Pierre Deloeil