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Grande Vitesse


© Jochen Gerner - "Grande Vitesse" (2005-2008)

Le 17 juin 2024 je suis allée de Lille à Paris en TGV.

C’est un trajet que je fais plusieurs fois par an, pour le plaisir de retrouver des amis, d’aller voir des expositions ou des spectacles.

 

Assise au rez-de-chaussée, en voiture 5, place 85 côté fenêtre, je n’ai pas envie de lire, pas envie de faire un sudoku, pas envie de faire du passe-temps avec mon téléphone. J’ai juste envie de regarder par la fenêtre le paysage qui défile à grande vitesse.

Cela me fait penser à Jochen Gerner, cet artiste qui dessinait ce qu’il voyait depuis la fenêtre de son train Paris-Nancy qu’il empruntait régulièrement. A la fin, ses dessins ne sont que des lignes.

A défiler ainsi à grande vitesse, curieusement cela met le paysage en relief. La platitude du Nord. L’étendue des terres cultivées. L’importante présence des infrastructures : routes, voies ferrées, pylônes électriques, et maintenant éoliennes. Car oui, les éoliennes font partie désormais du paysage, en tout cas dans le Nord. J’aime la forme d’une éolienne, sorte de sculpture hyper monumentale, mais je réalise qu’à les voir en nombre je les apparente aux pylônes ... que je n'aime pas.

Le paysage architectural a changé lui aussi. Plus d’antennes télé en forme de râteau sur les toits. Mais aussi, et à ma grande surprise, quasiment plus aucune antenne parabolique. Je ne peux plus savoir où est la direction Sud.

L’arrivée à Paris se fait proche. Nous traversons Saint-Denis et je découvre stupéfaite que la tour Pleyel a perdu sa façade couleur rouille en acier corten. Elle est blanche maintenant et abrite un hôtel de luxe ouvert juste à temps pour accueillir les Jeux Olympiques. Les travaux ont duré six ans et je n’avais rien remarqué jusqu’alors.

 

Ce fut très plaisant de prendre le temps de regarder autour de moi.

 

©Marie-Pierre Deloeil





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