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Art et Genre


© Agnès Thurnauer 'Portrait Grandeur Nature'

1er et 2 février, week-end en atelier d’écriture avec "le Bout de la Langue".

Le thème en est Art et Genre. Je dois dire que je n’avais retenu que le mot Art !!

Nous attendaient une pile d’images, chacune représentant une œuvre d’art.

Les artistes sont des femmes.


Ces images sont là pour animer notre imaginaire, se laisser divaguer, tisser des liens d’une proposition d'écriture à l’autre



 

Berlinde De Bruyckere 'Bloedend Haar' © E.Biakowska

Des cheveux en rideau de pluie

Des cheveux rouges de vie

Des cheveux pour se soustraire

Des cheveux pour se défaire

C’est voulu

Tes mains le disent

Main droite sur le sein

Main gauche sur le sexe

Pas de geste vers tes cheveux

Et si j’écartais le rideau de cheveux

Verrai-je un sourire timide

Verrai-je un regard affolé

Tu es aquarelle

Tu peux disparaître, te dissoudre

Et pourtant tu existes


 

Explorer, Regarder, Imaginer, Révéler, Oser

Christo saisi d’un désir

Christo qui saisit le monde à pleines mains

Esquisser, Dessiner, Inventer, Proposer, Exposer

Christo qui s’obstine

Christo qui saisit le monde à pleines mains

Organiser, Fabriquer, Transporter, Stocker, Monter

Christo qui réalise

Christo qui saisit le monde à pleines mains

S’Epauler, S’Enflammer, Se Battre, Se Réjouir, Partager

Christo qui saisit le monde à pleines mains

Christo qui encore aujourd’hui

Parle de Jeanne-Claude au présent

Christo qui nous livre ses rêves

Christo qui les fait redevenir rêves

Christo, l’homme du grandiose éphémère


 
© Barbara Kruger 'Untitled'

Arrête de me regarder !

Je ne t’ai rien fait

Je n’y suis pour rien

Ça suffit tes menaces

Remember Me …

Et puis quoi encore !!

Et toi,

Do you see me ?

Do you care for me ?

Tu ne me connais pas

Je ne te connais pas

Restons-en là.



 

Mais pourquoi toi ?

Tu m’arrêtes là où je ne m’y attends pas, là où j’aurais poursuivi mon chemin, aveugle à ce qui m’entoure, croyant déjà le connaître sur le bout des doigts.

Tu me dis, vois ! … et je vois

Regarde ! … et je regarde

Tu me fais devenir poète, acrobate, suspendue dans l’air et dans le temps.

Tu me laisses sans voix, sidérée par ton audace, ta démesure, et la simplicité de ce que tu donnes à voir.

Tout à coup, clap !

Clap de fin.

Je le savais, tout le monde le savait, tu l’avais dit

Cela ne restera pas, cela disparaîtra.

Alors, clap. C’est fini.

Je me dis regarde, et je regarde

Là eut lieu quelque chose

Là un rêve s’est matérialisé

Et depuis ?

Depuis ton œil me poursuit, m’oblige à regarder le monde,

À penser le monde, à me sentir dans le monde

Tu mets la barre haut, Christo

 
© Monika Sosnowska 'Rubble'




On pourrait dire que tu ne crées pas

Pas de page blanche en point de départ, pas d’ex nihilo

Non, tu transformes, tu divagues, tu brises les lignes,

Tu crées des lignes, tu soulignes, tu lies.

Le un devient autre

On en oublie le un en voyant l’autre

Tu méta-morphoses

Et ce faisant, tu crées.

Le Pont-Neuf, je suis certaine que la plupart d’entre nous ne le regardait pas.

Le Pont-Neuf, on l’emprunte, on ne le considère pas.

Tu l’emballas et … Abracadabra …

le Pont-Neuf est devenu.

Il existe par lui-même.

Soigneusement corseté, il nous révèle toutes ses formes.

Il prend l’espace, il prend la lumière avec son habit d’or.

D’ouvrage d’art, il devient œuvre d’art.

Et puis le Pont-Neuf se verra retirer son enveloppe d’apparat et redeviendra pont.

Mais on l’empruntera peut-être différemment.

Etre et avoir été le temps d’un instant par la grâce d’un homme et d’une femme

au regard poétique qui nous offrent leurs rêves.

 

Untitled chagrin

Tant d’audace et tant de sang

Absence d’abracadabra

Fable éternelle et sans fin

 

Et si j’écartais le rideau de cheveux

Verrai-je un sourire timide

Verrai-je un œil insistant

Do you see me

Do you care for me

Tu m’offres tes rêves

Tu me les confies

Tu me dis regarde et je regarde

Audace et Innocence

Grandeur et Simplicité

Regarder, Toucher, Eprouver

M’émerveiller … Remercier

Oser faire œuvre de mon ouvrage

Me laisser saisir par ce désir

Pourquoi est-ce aujourd’hui si difficile ?

D’où vient cet untitled chagrin ?

Quelque chose à voir avec le sentiment fugace

D’une perfection à portée de doigts

Qui s’est subitement évaporée.



© Marie-Pierre Deloeil


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