Je ne sais pas ce que j’ai.
C’est comme si j’avais bu, comme si j’avais pris un excitant, comme si j’avais fumé.
Je suis gaie. Je ris.
Ça a commencé hier.
Hier j’ai joué les contrebandières avec une amie. Sortie au-delà du kilomètre autorisé, au-delà de la durée autorisée, en-deçà, très en deçà, d’une activité physique. S’asseoir sur un banc au soleil, sentir le vent, et regarder les joggers, les enfants avec leurs parents.
Mais attention, les distances sont respectées.
Et jouer au petit bac.
Vous vous souvenez ?
Un papier, un crayon, une lettre de l’alphabet, des catégories (fruit, légume, ville, …), et un mot à trouver par catégorie le plus vite possible, le plus original possible. Pas si simple.
D’ailleurs qui pourrait me donner un nom de légume qui commence par D et un nom de fruit qui commence par H ?
Et encourager les joggers, interpeller les marcheurs avec des bâtons pour leur demander comment ça marche (ah ah ah), prendre l’air détendu quand une voiture de flics passe.
Et jouer à l’alphabet des envies
C’est quoi ça ? – ça, c’est le truc sorti comme ça du chapeau – ça, c’est le truc qui te dope comme de la coke – ça, c’est le truc qui te fait un bien fou.
Tu dis à haute voix, à très haute voix, une envie. Une envie pour chaque lettre de l’alphabet. Tu peux même la crier aux joggers et aux marcheurs qui passent devant toi. Tu verras, certains s’arrêteront et te diront « oh, moi aussi ».
Alors voilà un exemple d’alphabet joyeusement déclamé hier par deux contrebandières.
J’ai envie d’Air
J’ai envie de Baiser(s)
J’ai envie de Câlins
J’ai envie de Délirer
J’ai envie d’Enchantement
J’ai envie de Folie
J’ai envie de Gueuler
J’ai envie de Hurler
J’ai envie d’Irradier
J’ai envie de Joie
J’ai envie de Kilomètres
J’ai envie de Lumière
J’ai envie de Mer
J’ai envie de Noctambulisme
J’ai envie d’Ouverture
J’ai envie de Pitrerie
J’ai envie de Q
J’ai envie de Rire
J’ai envie de Soleil
J’ai envie de Théâtre
J’ai envie d’Ubu
J’ai envie de Vie
J’ai envie de Whisky
J’ai envie de X
J’ai envie de Youpiiiiiii
J’ai envie de Zouk
© Marie-Pierre Deloeil et F.